Saturday, March 5, 2022

François Legault fait-il de la discrimination envers les haïtiens?


En octobre dernier, suite à la publication de ce reportage de Daniel Boily, Davide Gentile et Romain Schué de Radio-Canada, j’ai eu la naïve idée de contacter directement le gouvernement du Québec. 

Je voulais leur offrir, gratuitement, l’opportunité de ma présence en Haïti pour essayer de contribuer, comme citoyen, à trouver une partie de la solution à l’importante pénurie de personnel dans le réseau de la santé québécois.  





Malgré l'intérêt viral sur TikTok pour cette vidéo vue par plus de 250000 personnes interpelées par cette mission humanitaire...


...j'ai reçu cette brutale et troublante correspondance de Julie-Anne Rivard, la directrice de Recrutement Santé Québec, le “RECRUTEUR OFFICIEL” du ministère de la Santé et des Services sociaux pour les professionnels de la santé et des services sociaux ayant obtenu un diplôme hors du Canada...



...Pourtant, j'avais reçu quelques jours plus tôt la confirmation d'une rencontre virtuelle avec Geneviève Bertrand, coordonnatrice à Recrutement Santé Québec...



...puis assez rapidement, une autre confirmation m'informant de la présence et de l'intérêt à me rencontrer de Madame Rivard elle-même!!!



Le 27 octobre, toujours en Haïti, je lui adressais ce courriel en réponse à sa note:

Madame Rivard,

Comment allez-vous ce matin.

Votre correspondance me laisse perplexe.

J’avoue ne pas comprendre son sens.

Que voulez-vous me dire exactement?

Que le gouvernement du Québec ne veut pas d’infirmières haïtiennes?

Malheureusement, je n'ai jamais eu de réponse de la part de Julie-Anne.

Pourquoi, d'après-vous? 

Son silence ne m'a pas empêché de poursuivre ma mission et de collecter les noms de plus de 300 infirmières haïtiennes prêtes à venir soutenir le système de santé québécois.
  
Je ne veux ici attaquer personne, ni les fonctionnaires, ni la CAQ ou ses ministres.

Je ne souhaite pas faire de politique avec cette histoire, encore moins de la diffamation ou m'exposer à des poursuites judiciaires de la part du gouvernement du Québec. 

Je désire seulement continuer à contribuer, avec sens, à une meilleure société: pour les haïtiens, pour les québécois...et pour ma chère mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. 

Tout simplement. Rien de plus. Rien de moins.


Ceci étant dit, le 16 février, le ministre Jean Boulet et député de Trois-Rivières, en présence de Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux dévoilaient un projet de 65000000 $ pour recruter 1 000 infirmières et infirmiers dans les pays suivants: Algérie, Cameroun, Maroc, Tunisie, Île Maurice, Côte d'Ivoire, Liban, République démocratique du Congo et Sénégal... 


Jamais je n’aurais imaginé que 5 mois plus tard, j'apprendrais en direct sur Facebook que le gouvernement du Québec ne voulait pas de mon groupe de 124 infirmières haïtiennes à cause d'une question de langue française !!!

En effet, selon Maude Méthot-Faniel, attachée de presse du ministre du Travail, de l’emploi et de l’immigration, Jean Boulet, « L’objectif de la sélection de ces territoires est l’intégration la plus rapide possible des candidats sur le marché du travail. Les pays ciblés en priorité sont des pays francophones ou des pays dont une proportion importante de personnes parle français, mais également des pays dont les formations offertes sont comparables à celles offertes au Québec.» 


Ne pas cibler Haïti en priorité signifie pour Madame Méthot-Faniel qu'une proportion importante d'haïtiens ne parle pas français.

Pourtant, selon l’Organisation International de la Francophonie, 42% de la population Haïtienne est francophone contre seulement 26% pour le Sénégal, 33 % pour la Côte d’Ivoire et l’Algérie, 35% pour le Maroc, 38% pour le Liban et finalement 41% pour le Cameroun. 


Par ailleurs, selon l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, 436 permis d’exercices ont déjà été délivrés à des infirmiers et infirmières diplômés d’Haïti entre 2011 et 2021. 

De surcroît, après la France, toujours selon l’OIIQ, Haïti serait maintenant le pays d’où provient le plus grand nombre d’infirmières et infirmiers diplômés hors Québec.

Une source gouvernementale haïtienne très choquée par cette injustice mais qui préfère garder l’anonymat par crainte de sévères représailles politiques de Port-au-Prince m’a écrit ceci: “Très aberrant, leur argument. Haïti est un pays francophone. De la maternelle jusqu'à l'université, tous les cours sont dispensés en français. Il semble y avoir une toute autre raison cachée derrière un rideau, que les autorités responsables ne veulent pas dire franchement. Parce que cette raison ne tient absolument pas debout. Ce sont des infirmières, et non des présentatrices de télévision, des actrices de la communication ou des enseignantes qui sont tenues de se prémunir contre toutes erreurs grammaticales lorsqu'elles s'adressent à un public.”


Maintenant, à la lumière de ce que je considère pour l'instant comme une erreur "administrative", je demande publiquement, fermement, mais respectueusement, à François Legault, Christian Dubé, Jonathan Valois, Lionel Carmant...

...Dominique Savoie...


...Josée Doyon...


...Julie-Anne Rivard, Geneviève Bertrand et Andrea Urra, pourquoi les 124 infirmières haïtiennes regroupées sur WhatsApp que je défends bec et ongles ne pourraient-elles pas être intégrées in extremis dans ce programme de 65 millions de dollars canadiens???








En terminant, je rappelle candidement à Monsieur le premier ministre François Legault que Haïti est à seulement 4h30 de Port-au-Prince via un vol sur Air Transat...


...que les paroles de "La Dessalinienne", l'hymne national d'Haïti, ont été écrites en français en 1904 par l'avocat, journaliste et lodyanseur Justin Lhérisson... 


...que plus de 800000 haïtiens vivent déjà au Canada, principalement au Québec...


... et que le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec est toujours (depuis plus de 12 mois) à la recherche de 55 d’infirmières!!!


Très humblement et avec sérénité, j'aimerais aussi dire à Martin Koskinen, Claude Laflamme, Thomas Pilon-Robitaille, Stéphane Gobeil, Benjamin Bélair, Pascal Mailhot, Guillaume Simard-Leduc, Ewan Sauves, Manuel Dionne, Martin Plante, Nadia Talbot, Luc Mérineau, François Pouliot, Catherine Major, Simon-Robert Chartrand, Ariane Maher Gauthier, Pascale Breton, Catherine Deslongchamps-Robitaille, Esther Faucher, Maxime Leboeuf, Michael Labranche, Emmanuelle Chapron, Isabelle Lewis, Mathieu Théoret Crawford, Sara-Maude Boyer-Gendron, Marjaurie Côté-Boileau, Eddy Apuarii, Mylène Dalaire, Édith Godbout, Étienne Grenier, Gabrielle Julien, Vincent-Gabriel Langlois, Amélie Paquet, Marie-Joëlle Dorval-Robitaille, Marie-Claude Germain, Patrick-Emmanuel Parent, Étienne Grenier, Marie-Josée Valade-England...que c'est correct de faire des erreurs en politique et que absolument rien n'empêche de les corriger, toujours dans l'esprit d'en faire plus et le faire mieux. 

En tant que conseiller politique moi-même, je peux affirmer, et vous serez d'accord avec moi j'en suis certain, qu'avouer ses torts, si bien "spinner", peut transformer un narratif négatif à son avantage. 

Dans une année électorale, ce subtil turning point stratégique pourrait faire une grosse différence...dans Bourassa-Sauvé...


...ou dans Marie-Victorin le 11 avril.


Plus de 80000 infirmières sont membres de l'Ordre des Infirmières et Infirmiers du Québec.



Vive Haïti

Vive le Québec




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